L’être humain est un animal social : ça, on le sait depuis Aristote. Pour être bien dans sa peau, un homme a donc besoin d’être entouré et de satisfaire son besoin d’affection . D’ailleurs, plus que le nombre de personnes qui composent l’entourage, c’est la qualité du soutien moral qui importe vraiment : la plupart des gens préfèrent avoir quelques amis ou membres de la famille intimes plutôt que de nombreuses relations superficielles. Ce qui me mène à une question épineuse : tombe-t-on amoureux d’une fille puis on devient intime ou alors on devient intime puis on tombe amoureux ou enfin on tombe amoureux et on devient instantanément intime ? Quel est l’ordonnancement le plus sain ? Quelles précautions prendre pour ne pas se faire briser le cœur ?
L’AMOUR C’EST QUOI ? UNE EMOTION, UNE ATTITUDE, UNE DECISION…?
L’amour romantique commence par la passion amoureuse. Il s’agit d’une expérience subjective involontaire, difficile à contrôler et transitoire. Elle se caractérise par des pensées obsessives et une attention intense portée à un autre individu que l’on idéalise. Cette idéalisation, produite par ce qu’on appelle parfois l’effet « lunettes roses » de l’amour est souvent assorti d’une intense possessivité. Un corollaire, qui a pu être mesuré, est que les hommes remarquent moins les jolies femmes quand ils sont in love. Tout cela s’accompagne évidemment d’un état de grande euphorie. Les nouveaux couples exaltent leur nouvelle relation, affirmant qu’elle est spéciale. Se développe alors une dépendance émotionnelle et une recherche constante de la fusion émotionnelle avec l’autre. Un phénomène qui mène souvent à un mode de pensée obsessionnel. Une séparation temporaire générera de l’anxiété chez les nouveaux tourtereaux. Mais l’adversité tend souvent à renforcer la passion amoureuse, par un mécanisme qualifié de « frustration-attirance ».
Ca c’était l’Amour, le vrai. Maintenant, il y a ce que j’appelle le pseudo-amour : entre paumés, on peut s’accrocher démesurément l’un à l’autre comme une huître à son rocher. C’est-à-dire qu’on a tellement envie d’être en couple, qu’on se persuade qu’on est amoureux. Ou alors, on ne pense pas pouvoir trouver aussi bien que cette personne si on la perd, alors on se convainc que c’est de la passion (sauf que si on sort avec une meuf pourrie c’est un moyen de justifier la flegme qu’on a de retourner draguer pour trouver une personne qui nous correspond VRAIMENT). Ainsi, je me méfie de ces gens qui s’emballent pour quelqu’un qu’ils viennent juste de rencontrer. Ca peut être un coup de foudre comme ils le prétendent, mais la probabilité est faible. Comment le savoir ? Prendre du recul et être honnête envers soi-même.
Autre exemple : une amie à moi était avec un mec depuis 2 ans. Elle l’adorait. Elle parlait tout le temps de combien ils étaient amoureux. Ils se voyaient tous les jours et partaient régulièrement ensemble en voyage. Elle avait 27 ans et voulait se marier mais n’allait pas l’attendre indéfiniment. Alors elle a lancé un ultimatum à peine déguisé. « Où va notre relation ? » Elle n’a pas apprécié sa réponse et l’a quitté le jour même. Elle a fait son sac et a disparu. Moins de trois mois plus tard, elle est de nouveau en couple avec un autre gus. Ils sont déjà fiancés, et un bébé est en route. Les femmes ne rigolent pas avec leur horloge interne. Elles savent qu’elles ont une durée limitée. Peu importe que vous soyez l’homme le plus cool du monde. Que choisirait votre copine : son horloge interne ou vous ? C’est ça la vraie question… Alors, est-ce vraiment de l’amour ?
POUVOIR SE MANQUER EST UN LUXE, PAS UN CRIME DE LESE-MAJESTE
Y’en a qui se voient deux fois cinq minutes puis qui décident de se mettre en couple. Tant mieux pour eux, mais s’ils ne se décollent plus une seconde l’un de l’autre à partir de ce moment-là, cette fusion les perdra. Ca me sidère ces gens qui, quand les circonstances les contraignent à se retrouver séparés par plusieurs dizaines de kilomètres, restent en contact permanent par Skype ou par des SMS qu’ils s’envoient à toute heure du jour et la nuit.
L’amour est peut-être une expérience dans laquelle nous ne sommes que les victimes consentantes d’un cocktail biochimique plus puissant que le GHB et dont on peut se réveiller avec une sacrée gueule de bois. J’me souviens d’un pote qui était super sociable, super cool, sortait tout le temps, etc. Puis, un jour une nana lui a proposé de se mettre en couple (ou plutôt lui a posé un ultimatum afin d’être en accord avec son horloge biologique). Tout à coup, il a arrêté les sorties avec ses amis et passait ses week-ends avec sa meuf. Il a arrêté de venir à la salle de sport et s’est empâté parce qu’il préférait rester 2 heures au téléphone avec sa moitié que d’avoir une activité physique. Un jour, elle a trouvé un autre gus avec lequel elle a reproduit le même schéma : ils ont cassé, il s’est retrouvé gras et isolé, avec juste ses yeux pour pleurer. Il a tout perdu parce que sa vie entière dépendait de sa chérie (qui a d’ailleurs fini par le tromper (et le trompait même avant leur séparation avec son ex) – acte libérateur car transgressif et menant à cette rupture).
OUI votre copine peut vous manquer, et NON ce n’est pas une mauvaise chose. L’attirance, l’envie… grandissent pendant l’absence. Repensez à ça le jour où vous aurez envie de voir une meuf tout le temps ou de saturer sa boîte vocale étouffant ainsi peu à peu le feu de sa passion. Dans une relation, chacun devraient garder une large part d’autonomie. Sans compter le fait que deux personnes s’aiment rarement de la même façon, ou pour les mêmes raisons. Même si un même type de névrose peut réunir deux cœurs.
NOUS NE FAISONS QU’UN : MAIS ELLE OU MOI ?
Ni l’un ni l’autre, bordel : un couple ne fusionne que quand il fait l’amour. L’intérêt de la relation est dans la complicité, l’amitié, le désir et la complémentarité… pas dans une pseudo-dilution de deux protagonistes menant à une perte de leur singularité, de leur personnalité. Ma compagne, je l’aimerai parce qu’elle est Autre que moi. Parce qu’elle me fascinera par des qualités que je n’ai pas. Parce qu’on se complètera. Si ce que vous aimez chez votre nana, c’est votre reflet dans ses yeux, alors vous êtes tombé dans le narcissisme malsain, wake up !
Il faut bien distinguer ce qu’Helen Fisher appelle l’amour romantique et les deux autres grands systèmes : le désir sexuel et l’attachement. Alors que le second (le désir) permettrait aux individus d’initier le comportement de séduction avec un certain nombre de partenaires, l’amour romantique motiverait à se concentrer sur un seul partenaire, permettant ainsi d’économiser temps et énergie au profit d’une éventuelle progéniture. Cette progéniture, but ultime du désir sexuel et de l’amour romantique, va ensuite bénéficier du troisième système, celui de l’attachement qui se crée entre les parents, pour grandir dans un environnement stable et pourvu des ressources nécessaires à son bon développement.
Une dérive de ce système : le désir de propriété sexuelle façon Othello pouvant mener jusqu’à la folie relève à mon sens de la psychiatrie. Pour Platon, le désir qui domine tous les autres est le désir d’immortalité. L’amour se voudrait donc éternel (même si le taux de divorce nous donne tort) et complet au sens de Sternberg. En effet, la théorie triangulaire de l’amour de Sternberg pose trois entités différentes qui peuvent, seules ou combinées, expliquer sept grands types de relations amoureuses. Ces trois entités sont :
– la passion (l’attraction physique et le désir sexuel);
– l’intimité (le sentiment de proximité et de lien de confiance mû par l’échange de confidences)
– l’engagement (l’intention partagée de construire et de maintenir une relation à long terme avec l’autre). Sternberg affirme qu’une relation amoureuse donnée peut être décrite par l’une des sept catégories suivantes, issue des combinaisons possibles entre ces trois entités, dont l’intensité peut varier.
Les 7 formes d’amour selon Sternberg se résument alors ainsi :
– avec de l’intimité seulement, Sternberg évoque une forme amoureuse proche de l’amitié vraie, ou de la relation médecin / patient.
– s’il n’y a que de l’engagement, il parle de partenariat ou d’amour vide comme dans les mariages arrangés.
– l’amour avec la passion seule s’apparente au désir, à l’amour entiché ou romantique, bref c’est le coup de foudre rapide qui peut disparaître aussi rapidement qu’il est apparu.
– le véritable amour romantique serait celui formé de passion et d’intimité (mais sans garantie d’engagement).
– la complicité ou l’amour de compagnonnage est fait d’intimité et d’engagement, souvent rencontré chez les gens en couples depuis plusieurs années quand la passion s’est atténuée.
– l’amour admiratif ou niais surviendrait quand il y a de la passion et un engagement, mais sans avoir développé véritablement d’intimité, quand l’engagement est motivé seul par la passion.
– l’amour dit « consommé » inclut les trois composantes de base et constituerait le rapport idéal d’amour, difficile à obtenir et encore plus à maintenir.
Selon Sternberg, chaque individu peut être défini par deux triangles, celui qui caractérise sa relation amoureuse présente, et celui de sa relation amoureuse idéale. Les couples les plus durables étant évidemment ceux qui ont des triangles compatibles. Il insiste aussi sur le fait que chaque triangle est la résultante de nos influences précoces et de notre parcours individuel, et que par conséquent, il n’est jamais définitivement fixé et que chacune de ses composantes va inévitablement varier au fil du temps. Une évolution souhaitable étant pour lui celle où les composantes de base manquantes ou trop faibles sont développées. Ca va, c’est pas trop dur à suivre ? Sinon relisez 😉
JE T’AIME POUR TOUJOURS, MA CHERIE D’AMOUR
Tous les jours, des milliers de personnes se font la promesse de s’aimer jusqu’à ce que la mort les sépare. Pratiquement personne ne tiendra parole. Méfions-nous des absolus « toujours », « jamais »… cela n’existe pas à l’échelle humaine : le couple aura des enfants qui lui succèderont mais c’est là une bien maigre consolation. Dans quelle mesure serais-je mon fils ? 50% ? 25% ? 0%? Non, nous n’avons pas d’autre choix que de faire preuve d’humilité et d’accepter la fin de toute chose ici-bas. Y compris la nôtre.
La difficulté, je la comprends : la dopamine met à mal votre sens critique, vous jonglez entre la spontanéité de vos pulsions et le sang froid nécessaire au déroulement harmonieux de la relation sur le long-terme. Alors ouais, vous êtes peut-être amoureux, mais ne la bombardez pas de messages, ne la voyez pas tous les jours, surtout au début, car ce ne serait plus elle dont vous seriez amoureux… Plutôt de l’illusion que vous vous êtes créée pour apaiser votre angoisse existentielle et votre peur bien légitime de l’abandon, de la solitude, de la fin…
En gros, si je serais heureux d’avoir trouvé la femme de ma vie, je l’aimerais aussi parce qu’elle aura eu l’intelligence ne pas vouloir tomber dans les extrêmes décrits ci-dessous :
– Ne pas se voir tous les jours ;
– Ne pas habiter ensemble trop vite ;
– S’autoriser des sorties et des voyages l’un sans l’autre ;
Cela fera peur à certains mais le couple se fonde sur la reconnaissance de deux libertés. Sans liberté, pas de véritable amour. Plutôt un devoir auquel l’un ou l’autre finira par souhaiter se soustraire.
NB. La distance dont je parle n’est pas un stratagème pour voir si la personne vous aime vraiment. Au contraire, c’est du respect.
L’AMOUR N’EST QUE CHIMIE
On dit de la passion romantique qu’elle est plus forte que le désir sexuel pour la simple et bonne raison que rares sont les personnes qui sombrent dans la dépression ou même se suicident ou commettent un homicide si quelqu’un refuse de coucher avec elles. Malheureusement, ces comportements se rencontrent chez des personnes faibles rejetées d’une relation amoureuse. Qu’est-ce qui peut bien donner à ces comportements un caractère aussi important? La réponse aurait beaucoup à voir avec une autre expérience très puissante que peuvent éprouver les humains : la dépendance à certaines substances psychoactives.
Car, à bien des égards, l’amour romantique ressemble à une dépendance. Il partage avec elle de nombreuses caractéristiques comme l’obsession, la focalisation mentale, les fluctuations émotionnelles, la distorsion de la réalité, les changements de personnalité, la prise de risque ou la perte de contrôle de soi. Traverser un pays entier sur un coup de tête pour quelques baisers de l’être aimé a certes quelque chose qui peut faire sourire mais ce n’est pas sans rappeler la dépendance psychologique d’une personne droguée en manque et prête à tout pour obtenir sa dose. Est-ce que votre moitié vous aime VOUS ou la drogue que vous lui faites SECRETER ?
Pour revenir à notre question de départ concernant l’ordonnancement, voici mon conseil : il est très difficile de garder la tête froide avec une fille qui chamboule notre chimie (moins on a d’option moins on a confiance en nous et plus on est en manque de sexe et plus c’est dur). Vous ne voyez plus trop ses défauts ni rien. Attendez donc au moins 3 mois avant de vous mettre en couple avec une femme. Ainsi, toute nana est en période probatoire pendant au moins douze semaines. Après qu’elle ait prouvé par son comportement qu’elle est à la hauteur, vous pourrez considérer d’accepter son offre d’être votre petite amie. Aucune femme barge ni aucun plan cul plein de MST ne pourra ainsi franchir vos barrières sentimentale et accéder à votre cœur (il serait alors beaucoup plus difficile de s’en dépéguer.) Pendant cette période d’essai, les femmes qui ne vous conviennent pas sont, bien évidemment, licenciées sans pitié (et sans préavis).
Soyez plus fort que vos hormones ! Et ne confondez pas amour et One-itis (pseudo-amour, obsession maladive…) ! Mais ceci est un autre sujet.