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Traduction et commentaire de l’essai « Baby Woman » d’Emily Ratajkowski

baby woman

Condé Nast (through Vogue Taiwan)

Traduction du texte (l’essai d’Emily Ratajkowski en français) :

Une actrice (cf. We are your friends, Blurred lines) s’interroge sur la notion de “sexy” chez la jeune femme qui grandit.

Quand j’étais petite, mon père m’appelait amoureusement sa « bébé femme. » Car voilà ce que j’étais: une fille de douze ans avec un bonnet D qui se réveillait encore en pleine nuit et demandait à sa mère si elle pouvait venir dormir dans sa chambre.

Fille unique d’une famille très unie, élevée par deux des personnes les plus affectueuses que j’ai jamais connues – un peu comme Atticus dans To Kill a Mockingbird – j’étais en sécurité dans cet état intermédiaire : mi-bébé, mi-femme. Les problèmes et la confusion sont venus de l’extérieur de notre paisible petite maison de bois parqueté de lierre en Californie du Sud.

En classe, une directrice adjointe a cassé mon soutien-gorge devant mes camarades de classe et les enseignants : la sangle du soutif dépassait de mon débardeur, ce qui ne correspondait pas au code vestimentaire de l’école. Quand j’avais 13 ans, un membre de ma famille est venu me voir jouer dans une pièce de théâtre. Je me sentais jolie, j’étais bronzée, j’avais du gloss, je portais un haut rouge à boutons par-dessus mon soutien-gorge et une minijupe avec une fermeture éclair de chez Forever 21. Plus tard, pendant le dîner, cette personne a sangloté devant ma mère et moi ; elle était inquiète pour moi, elle s’inquiétait du regard que les hommes portaient sur moi, parce que je portais ce genre de vêtements. Elle m’a expliqué que je devais faire attention.

La même année, mes parents ont organisé un dîner où je me sentais à l’aise, je parlais librement, je faisais de l’humour et racontais des histoires plutôt osées pour mon âge : juste une enfant unique qui avait une conversation normale avec des adultes. Alors que je me rendais aux toilettes, avant le dessert, un ami plus âgé de la famille m’a prise à part, m’isolant du reste du reste de la soirée: « Tu dois te cacher, une fille comme toi voyons, fais profil bas. » Je ne sais pas trop ce qu’il voulait dire. Je crois sincèrement qu’il pensait me protéger en disant ça, il croyait même être utile, si ça se trouve.

A 15 ans, mon entourage a assisté à ma transformation précoce et au début de ma carrière. Mes proches avaient entendu des histoires horribles d’hommes d’âge mûr qui profitaient des jeunes femmes ou d’agents artistiques qui mettaient la pression sur les filles pour qu’elles perdent du poids. Mais, paradoxalement, mes rapports avec le monde en dehors de l’industrie de la mode furent les plus difficiles de mon adolescence et des mes jeunes années d’adulte. Des profs, des amis, des adultes, des petits amis… Ces personnes qui n’étaient pas aussi strictes que celles qui ont un pied dans le monde de la mode et qui ne laissent rien au hasard, étaient pourtant celles qui me mettaient le plus souvent mal à l’aise ou me faisaient vraiment me sentir coupable du développement de mon corps. Je ne posais qu’occasionnellement pour des photographes à l’époque, mais je trouve que ce sont les gens qui reprochent à l’industrie de la mode d’être oppressive et sexiste qui le sont le plus. En outre, leurs commentaires étaient beaucoup plus personnels et m’affectaient beaucoup plus durement.

J’en étais encore à comprendre comment mettre un tampon quand il a fallu que j’apprenne certains aspects plus compliqués de la féminité, et toutes ces interactions me faisaient sentir comme si je passais vraiment à côté du monde réel. Même maintenant, en tant qu’adulte, je repense à mon string dépassant de mes jeans taille basse en classe et à mes premières tentatives avec le maquillage, pourtant maladroites, mais qui remplissaient mes yeux d’émerveillement, Wow, quelqu’un aurait-il dû me contraindre à me looker autrement?

Je revois mon corps nu dans les miroirs de tous les endroits où j’ai vécu, m’habillant pudiquement durant ma routine du matin. Je me prépare pour ma journée comme pour un des nombreux rôles de ma vie – élève, modèle, actrice, amie, petite amie, fille, femme d’affaires. J’étudie ma façon de penser et croise mon propre regard. J’entends encore ces voix me mettre en garde sans cesse.

Les gens partent du principe que les femmes sensuelles sont vulgaires, parce qu’être sexy signifie jouer avec les désirs des hommes. Pour moi, ‘sexy’ est un genre de beauté, une sorte d’expression individuelle, qui doit être célébrée et qui est un signe merveilleux de féminité. Pourquoi insinue-t-on que le sexe est quelque chose que les hommes prennent aux femmes et que les femmes abandonnent ? On fait comprendre aux adolescentes que les femmes ‘sexy’ sont celles des films porno ou les célébrités retouchées sur Photoshop. Est-ce là le seul exemple de sensualité que nous allons offrir aux jeunes femmes ? Où les filles doivent-elles regarder pour trouver des femmes indépendantes qui décident quand et comment elles veulent se sentir sensuelles ? Même si le fait d’être réduite à sa sexualité par le regard de la société est dévalorisant, il devrait y avoir un espace où les femmes peuvent se sentir sexy quand elles le souhaitent.

Je repense à la nouvelle de John Updike « A & P, » dans laquelle une jeune fille portant un bikini dans un village de vacances se rend dans une épicerie et se voit mettre dehors par le gérant du magasin. Elle entre dans le magasin portant son nouveau maillot de bain mignon, heureuse parce que c’est l’été, et se retrouve finalement humiliée avec un incompréhensible sentiment de culpabilité. Je pense à toutes ces femmes sur leurs lieux de travail qui se soucient de la façon dont leur sexualité pourrait accidentellement offenser, exciter, ou susciter l’envie. Je pense à toutes ces mères qui essaient d’expliquer à leurs filles que, même si ce n’était pas de leur faute ce qui est arrivé, elles devront se couvrir jusqu’à la prochaine fois.

Je refuse de vivre dans ce monde rempli de honte et d’excuses silencieuses. La vie ne peut être dictée par la perception des autres, et j’aurais aimé que le monde me fasse comprendre que les réactions des gens concernant ma sexualité ne sont pas mon problème, mais le leur.

Je montrais à un professeur réputé un nu que j’avais fait avec du charbon mais tout ce qu’il a trouvé à suggérer c’était, « Pourquoi ne pas dessiner une femme avec une taille si fine qu’elle tombe et ne puisse pas se relever? » C’était durant l’examen final de ma scolarité dans ma classe de dessin à l’UCLA, et je galérais pour lui expliquer ma thèse. Je voulais célébrer la beauté de la taille, des cuisses et des hanches d’une femme dans mes dessins… et non pas sexualiser à outrance le corps comme il le pensait, seulement montrer la force dans la beauté féminine. Il secoua la tête; mes tentatives d’argumentation échouèrent, il n’avait rien compris à mes idées. Il m’a dit que je pouvais dessiner les stéréotypes de la norme de beauté ou montrer comment cette norme oppresse la femme. J’ai encore du mal à trouver un espace intermédiaire, en tant qu’actrice, mannequin ou simplement en tant que femme – un espace où je puisse assumer mon appartenance sexuelle. Honorer notre sexualité en tant que femme est une affaire très, très compliquée, mais si nous n’essayons pas, qu’allons-nous devenir ?

Emily Ratajkowski est une actrice et mannequin vivant à Los Angeles. (24 ans, 1m71).

 

Commentaire de Baby Woman :

« Je ne posais qu’occasionnellement pour des photographes à l’époque, mais je trouve que ce sont les gens qui reprochent à l’industrie de la mode d’être oppressive et sexiste qui le sont le plus. En outre, leurs commentaires étaient beaucoup plus personnels et m’affectaient beaucoup plus durement. »

Moralité : les gens les plus durs et les plus cruels ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

« Les gens partent du principe que les femmes sensuelles sont vulgaires, parce qu’être sexy signifie jouer avec les désirs des hommes. Pour moi, ‘sexy’ est un genre de beauté, une sorte d’expression individuelle, qui doit être célébrée et qui est un signe merveilleux de féminité. »

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C’est parce que les femmes sexy ont du pouvoir, donc sont redoutées, parfois jalousée, qu’on essaie de les faire taire. Surtout lorsqu’elles sont jeunes comme Emily qui a eu des gros seins très jeune : elles peuvent renvoyer les hommes à leurs vieux démons de pédophilie par exemple. Les hommes qui ont peur des femmes, de leur beauté ou qui sont faibles face à tout ça devraient, à mon avis, davantage pratiquer le game. Les femmes envieuses, elles, devraient profiter de leur féminité au lieu d’essayer de faire taire celle des autres et museler les femmes qui s’éclatent.

« Pourquoi insinue-t-on que le sexe est quelque chose que les hommes prennent aux femmes et que les femmes abandonnent ? »

Bonne question. Quand c’est une femme, et a fortiori une femme de caractère et un modèle pour beaucoup de jeunettes, qui écrit ça en s’adressant à ses fans, cela fera peut-être plus réfléchir que quand j’en parle. Cela dit, c’est exactement ce que j’ai écrit dans La vérité (qui dérange) sur les relations H/F.

Quelqu’un a une objection ou tout le monde a compris que c’est absurde, surtout que la capote existe (cf. la psychologie évolutionniste) ?

« Où les filles doivent-elles regarder pour trouver des femmes indépendantes qui décident quand et comment elles veulent se sentir sensuelles ? »

Probablement pas dans les sentiers battus.

« La vie ne peut être dictée par la perception des autres, et j’aurais aimé que le monde me fasse comprendre que les réactions des gens concernant ma sexualité ne sont pas mon problème, mais le leur. »

C’est assez vrai. Les gens ont beaucoup de problèmes avec leur sexualité et les projettent sur les autres… au lieu de se remettre en question (plus facile). Mais les mecs sont concernés aussi : je vois des hargneux tous les jours sur mon blog. Ne nous y trompons pas. C’est dur d’être une femme, mais ça l’est de plus en plus d’être un homme aussi (cf. le féminisme) !

« Honorer notre sexualité en tant que femme est une affaire très, très compliquée, mais si nous n’essayons pas, qu’allons-nous devenir ? »

Je trouve qu’il y a du mieux quand même puisque les femmes assument davantage de se faire sexy quand elles sortent le soir et tout. Cependant, elles ne vont pas au bout de leur démarche et ont encore de gros problèmes à assumer leur sexualité… leur liberté, finalement.

Le truc, c’est que les hommes commencent à faire pareil maintenant. Remarque, y’a moins de gros cons comme ça. Mais ce n’est pas forcément mieux car les gens sont plus frustrés… donc plus dangereux et en danger à la fois.

« Je pense à toutes ces femmes sur leurs lieux de travail qui se soucient de la façon dont leur sexualité pourrait accidentellement offenser, exciter, ou susciter l’envie. »

La femme est trop sacralisée par « les mecs bien » pour être heureuse. Les hommes gentils ne sont pas assez respectés et deviennent une machine à fric pour les profiteurs et les profiteuses. La misère sexuelle profite bien à quelqu’un même si elle fait souffrir…

Les femmes souffrent (dans une moindre mesure) d’être attirantes, les hommes souffrent d’être catalogués « pervers » quand ils tentent quelque chose parce qu’ils sont attirés.

Putain de cercle vicieux !

Big up depuis L.A. à tous les bienpensants

Traduction et commentaire de l’essai « Baby Woman » d’Emily Ratajkowski

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